De l’armée de terre à soigneur animalier en passant par chauffeur routier, il n’y a pas un monde, il y en a trois ! Trois mondes qu’a connus Romain Curtil, tout jeune soigneur animalier en CDI. Une grosse pincée de chance, mais aussi beaucoup de motivation et de persévérance ont permis au jeune homme de se reconvertir auprès des animaux.

La genèse du projet

Romain Curtil a 26 ans et après des années à chercher sa voie, il vient enfin de toucher au but. Devenir soigneur animalier était une vocation pour le jeune homme originaire de Saint-Étienne. Depuis tout jeune, il souhaitait travailler avec les animaux mais son parcours scolaire n’a pas été celui qu’il aurait voulu.

A la fin du collège, en classe de 3ème, Romain se tourne vers une conseillère d’orientation qui ne le prend pas au sérieux quand il lui parle de son désir de devenir soigneur animalier. Trop de demandes, peu d’élus, elle détourne le jeune garçon de son projet et lui conseille un bac pro vendeur en animalerie. Métier qui, selon elle, correspond à son envie de travailler au contact des animaux. Ce sont finalement ses parents qui lui déconseilleront de s’engager dans cette voie. « Ils m’ont dit que je serai déçu », précise-t-il. C’est donc finalement vers un bac pro mécanique automobile que Romain Curtil se dirige. « Une voie de garage » selon lui, mais qui n’empêche pas le jeune homme de rester au contact des animaux sur ses temps libres et de garder son idée en tête.

Une fois son bac obtenu, Romain, qui se définit lui-même comme un jeune turbulent, s’engage dans l’armée en espérant s’y plaire mais convient que « ce n’était pas ce qu’ [il] voulait ». Il y restera cinq ans, jusqu’à ses 23 ans, avant de revenir dans le monde civil et de devenir chauffeur poids lourds. Un métier qui lui permet de mener son projet à côté et de revenir à ses premières envies.

La reconversion tant voulue

Une fois salarié et financièrement sécurisé, Romain s’inscrit à la formation à distance « soigneur animalier » de l’IFSA. Grâce à l’organisme, il bénéficie de convention de stages qu’il met à profit en postulant à Exotic Park. Un joli clin d’œil au destin puisque ce tout jeune zoo a été créé en septembre 2019 par Guillaume Darzacq, qui, quelques années plus tôt, avait fait découvrir son métier à Romain lors d’une activité « soigneur d’un jour » à l’Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine.

Chauffeur du lundi au vendredi, stagiaire animalier le week-end, l’emploi du temps de Romain est chargé mais le jeune homme, fan d’oiseaux et de reptiles, prend plaisir à enfin travailler auprès des animaux. Très vite, l’alchimie prend et le couple dirigeant Exotic Park propose à son stagiaire un poste de permanent à partir de juin 2020. Mais une place se libère dès mars et Romain – qui heureusement n’a que sept jours de préavis dans son métier de chauffeur poids-lourds – signe son premier CDI de soigneur animalier le 9 mars 2020. Lucide, Romain Curtil sait qu’il a eu énormément de chance : « Mon parcours est hyper atypique, il y a eu un besoin et j’étais là au bon endroit et au bon moment. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ce que j’aime. »

A présent, et malgré la fermeture exceptionnelle de près de trois mois, le jeune salarié ne se voit plus travailler ailleurs. Il plébiscite l’ambiance familiale d’Exotic Park et les responsabilités qu’on lui donne. Très impliqué, le soigneur animalier s’occupe de l’entretien des enclos extérieurs, préparent les rations de nourriture de chacun des pensionnaires, qu’il va chercher directement auprès des fournisseurs, mais s’occupent également des soins des animaux en quarantaine.

L’importance de l’expérience terrain

Quand il regarde en arrière son parcours scolaire puis professionnel, Romain ne regrette rien : « je suis là où je voulais, j’ai juste perdu quelques années mais pendant lesquelles j’ai appris plein de choses différentes ». Il poursuit sa formation à distance qu’il considère comme un « bon socle mais pas suffisant » et insiste sur l’importance de l’expérience terrain : « Le secret c’est de faire des stages. Je vois beaucoup d’aspirants au métier de soigneur animalier se plaindre de la difficulté à trouver des stages, à ceux-là je conseille de ne pas rechigner à postuler aussi auprès des jeunes structures et des parcs de taille modeste. Il y a plein de petits parcs très intéressants mais souvent les futurs soigneurs ne veulent aller que dans les grands zoos célèbres. Pour autant, je suis conscient que j’ai été hyper chanceux de trouver un poste aussi vite. »

Quand on lui demande si c’est vraiment un parcours du combattant pour devenir soigneur animalier, Romain Curtil répond positivement. « On ne peut pas dire qu’on ne se décourage jamais, mais en perdant de vue son projet on se tire une balle dans le pied. Il ne faut pas hésiter à être mobile, patient et surtout réagir vite si une opportunité se présente. »