A son ancienne vie, François-Xavier Reverdy n’a rien à reprocher. Bonne entreprise, bons collègues, missions intéressantes, vie personnelle épanouie… Tout allait pour le mieux. Pourtant à 32 ans, il a ressenti le besoin profond de changer son quotidien. Aujourd’hui, François-Xavier multiplie les stages et espère bien se faire une place dans le milieu fermé des parcs zoologiques en tant que saisonnier ou soigneur permanent.
L’électricité comme premier amour
« J’ai baigné toute mon enfance dans le monde agricole, grâce à un voisin éleveur. Mon rêve d’enfance était donc de devenir agriculteur. Puis au fur et à mesure que j’ai grandi, je me suis éloigné du monde animalier. » Après un BEP, un bac pro et un BTS en électricité, François-Xavier Reverdy arrive sur le marché du travail à l’âge de 23 ans. Après 2 ou 3 mois d’interim seulement, il trouve un poste comme technicien en bureau d’études d’abord en CDD puis en CDI. Il y restera finalement 10 ans.
Mais à 30 ans, le jeune homme commence à douter. Pourtant, « dans ma vie personnelle tout allait très bien, dans ma vie professionnelle également, je regardais mon profil et je ne comprenais pas ce qui n’allait pas ». Deux ans plus tard, le doute est devenu un réel malaise. « J’étais plus bas que terre psychologiquement », avoue François-Xavier. C’est finalement en discutant avec sa mère, infirmière en psychiatrie, qu’il se dirige vers un cabinet de conseil afin de réaliser un bilan professionnel. Trois mois d’entretiens et d’exercices qui verront l’émergence de deux idées de métiers diamétralement différentes : conseiller en énergie renouvelable et soigneur animalier. Pour se déterminer et mûrir son choix, François-Xavier Reverdy décide de rencontrer un professionnel de chacun de ces secteurs. La même semaine, il réalise un entretien avec le directeur du zoo de la Palmyre, en Charente-Maritime, et un autre avec un salarié d’un Espace Info Energie (EIE). Un vrai déclic : « je me suis rendu compte que je ne voulais plus travailler dans le monde de la finance, je voulais revenir à des bases saines, travailler avec les animaux. »
Le début du parcours
Une fois sa décision prise, François-Xavier Reverdy réfléchit à la meilleure manière d’intégrer le milieu. Nous sommes alors fin mai 2019 et il sait qu’il est trop tard pour postuler dans l’une des quatre écoles dont les formations sont recommandées. Il effectue beaucoup de recherches, liste l’ensemble des parcs animaliers sur un fichier excel. En parallèle, il s’est inscrit à l’école de formation à distance IFSA qui propose un cursus soigneur animalier et délivre des conventions de stage ce qui lui permet de postuler par écrit. « A la base, je ne pensais pas quitter mon CDI dès 2019, j’avais gardé tous mes congés pour pouvoir faire un stage mais finalement j’ai été contacté très rapidement par le CERZA. Ils m’ont proposé d’intégrer l’équipe pédagogique comme stagiaire pendant les mois de juillet et août. En parallèle, j’avais également deux ou trois autres touches et notamment pour la fin de l’année. Je me suis alors demandé si je n’allais pas tout plaquer plus tôt que prévu. » Et c’est ce qu’il a fait, pas tout à fait du jour au lendemain mais presque. En seulement trois semaines il obtient sa rupture conventionnelle et se lance dans sa nouvelle vie.
Après ses deux mois au CERZA, il traverse la France pour enchaîner avec un stage au Zoo de Labenne, puis il découvre le secteur otaries et oiseaux de spectacle du zoo African Safari près de Toulouse. Celui qui avoue avoir une légère préférence pour les mammifères africains aime la diversité des animaux au sein des parcs animaliers et poursuit ses expériences à Biotropica où il assistera à la vaccination des oiseaux contre la grippe aviaire, ce qui lui permettra de se former aux techniques de contention. Début 2020, il traversera à nouveau la France pour devenir stagiaire du Parc animalier d’Auvergne où il vivra l’expérience inédite de la fermeture pour cause de pandémie. Comme la plupart des soigneurs animaliers français, et en accord avec la direction du parc, François-Xavier poursuit son activité même pendant le confinement. Une activité essentielle puisque les stagiaires ont notamment la charge d’aller chercher les invendus dans les magasins, des stocks qui serviront à nourrir en partie les pensionnaires du parc.
Pendant cette période très particulière, François-Xavier avoue avoir eu beaucoup plus de travail que d’habitude mais il rêve pourtant de retourner Parc animalier d’Auvergne pour y réaliser un stage de 6 mois. Mi-avril, il était prévu qu’il intègre le Zoo de la Flèche en stage mais les parcs étant toujours fermés, ils ont préféré annuler. François-Xavier se retrouve alors pour la première fois depuis plusieurs mois sans activité.
Annulation de stage et refus des écoles, la mauvaise passe
A cette période compliquée s’ajoute de mauvaises nouvelles. En parallèle de ses stages, l’ancien technicien en électricité avait déposé son dossier dans deux écoles proposant un cursus soigneur animalier : Carquefou et Vendôme. Il n’a malheureusement été retenu par aucune des deux. « Ça a été une grosse déception parce que j’avais refusé un stage de six mois à African Safari pour intégrer une de ces écoles. Puis, j’en ai parlé avec ma responsable de stage au Parc animalier d’Auvergne et elle m’a rassuré en me disant qu’il était tout à fait possible de devenir soigneur animalier sans passer par une de ces écoles. Donc, après ce gros coup sur la tête, j’ai très vite rebondi. »
En effet, François-Xavier a déjà deux autres stages de prévus, au Parc de l’Auxois en juillet-août et au Zoo d’Asson en septembre-octobre. Son programme en 2021 ? « Je ne retenterai pas les concours des écoles, je ne peux pas me permettre financièrement de ne plus avoir de revenus après septembre 2021. En revanche, je suis en train de monter un dossier pour demander une validation des acquis de l’expérience animalier (VAE) auprès du MFR de Carquefou. Pour cela il me faut un an d’expérience en parc zoologique. »
François-Xavier Reverdy prévoit donc de faire un maximum de stages jusqu’à l’été 2021 puis de postuler comme saisonnier ou comme soigneur permanent. « Je suis quelqu’un de positif donc j’y crois vraiment. Mais si je n’obtiens pas de poste, je reviendrais à mon ancien métier, pour rester financièrement indépendant, mais je continuerais à postuler. Je ne veux rien faire d’autre de ma vie. »
Quand on lui demande si devenir soigneur animalier est réellement un parcours du combattant, bizarrement, François-Xavier est plus mitigé que ses collègues. « Oui c’est un parcours du combattant mais c’est dû au nombre de parcs en France. C’est vraiment un tout petit milieu. Du coup ça bouchonne. Le nombre de postes libérés chaque année étant dérisoire. »
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