Se promener dans un parc zoologique, c’est regarder les animaux bien sûr, mais aussi profiter du grand air et de la nature environnante. Pour le bien-être des pensionnaires comme celui des visiteurs, les directeurs ou directrices de zoos apportent en général un grand soin aux espaces verts, loin de n’être que de la décoration. En effet, quoi de mieux pour transporter les visiteurs que de les plonger en immersion dans la jungle équatoriale ou l’aridité des déserts africains ? Moins connu que les métiers animaliers, les salariés des espaces verts sont pourtant un maillon essentiel du rouage d’un parc zoologique.
Le profil
La polyvalence
Dans beaucoup de parcs zoologiques, les salariés qui s’occupent de l’entretien des espaces verts sont également ceux qui gèrent toute la partie dite « technique » à savoir l’entretien des clôtures quand il y en a, des bâtiments ou loges, des petits travaux d’électricité, etc. C’est le cas à la Vallée des Singes par exemple où travaille Florian Arlot depuis 2010. Pour lui, la première qualité à posséder est donc en toute logique la polyvalence. Il faut savoir aussi bien tailler, utiliser la souffleuse, tondre, faire la maintenance des bâtiments que déplacer des clôtures.
L’amour de l’extérieur plus que celui du confort
On s’y attend, comme le métier de soigneurs animaliers, l’entretien des espaces verts nécessite une bonne condition physique. « C’est un travail parfois pénible, nous travaillons dehors par tous les temps et les journées sont fatigantes », continue le responsable technique et espaces verts de la Vallée des Singes. Mais pour Patrick Chevret, responsable botanique du Parc des Oiseaux qu’il a intégré en 1991, c’est aussi le point fort du métier : « être au contact de la nature toute la journée, même payé 10 fois plus, je ne laisserais ma place pour rien au monde. Oui c’est physique, mais il n’y a pas besoin de capacités particulières. »
Ainsi, pour ce responsable d’une équipe de quatre personnes, il suffit de travailler en bonne intelligence. Par exemple, l’un de ses collègues arrive bientôt à la retraite, ce n’est pas à lui qu’on demandera de transporter les lourds sacs de terre.
Savoir travailler en équipe et ne pas avoir peur du public
Travailler en parc zoologique c’est aussi travailler en cohésion avec les autres équipes qui composent le personnel du parc : les soigneurs animaliers, le vétérinaire mais aussi peut être l’architecte qui décidera de l’apparence de la nouveauté de l’année, et bien sûr la direction. « Quand une nouvelle espèce arrive, je me renseigne auprès du chef animalier pour savoir les compatibilités mais c’est la direction qui valide les essences utilisées. On fait le point avec tout le monde avant de planter quoi que ce soit », nous explique Florian Arlot de la Vallée des Singes.

Enfin, n’oublions pas que les parcs animaliers sont ouverts au public, donc mieux vaut ne pas être un grand timide et être prêt à répondre aux questions du public. « Il arrive très souvent que nous soyons interpellés par des visiteurs qui veulent savoir comment nous arrivons à avoir un parc aussi naturel, aussi sauvage. » Toutefois, comme l’entretien des espaces verts demande l’utilisation d’outils bruyants (tronçonneuse, souffleuse pour les feuilles mortes, tondeuse), les horaires sont souvent aménagés pour que ces activités aient lieu avant l’ouverture au public, donc tôt le matin !
Concernant leur rythme de travail, il est à noter que nos deux témoins parlent également de permanences ou d’astreintes téléphoniques parfois les week-ends d’été ou les week-ends de pont, généralement chargés en visiteurs.
Formation
Il n’existe pas de formation dédiée à l’entretien des espaces verts en parcs zoologiques.
En revanche, il y a plusieurs écoles qui proposent des CAP, BEP voire Bac pro comme jardinier paysagiste ou jardinier et aménagements paysagers. Un plus, forcément, néanmoins Patrick Chevret, fort de 30 ans d’expérience au Parc des Oiseaux, précise qu’il a vu beaucoup de personnes se former sur le tas au métier : « beaucoup de reconversions et de personnes issues de l’agriculture. Ce qu’il faut, plus qu’une formation, c’est être volontaire et aimer le travail en équipe. Pour des raisons de sécurité, on essaye toujours d’être deux ».
Des notions de mécaniques sont aussi un plus étant donné les nombreux outils utilisés par les agents des espaces verts.
Les missions au quotidien
Savoir composer avec la typologie du site et son passé
L’entretien des espaces verts est différent selon la typologie du parc zoologique. Ainsi, le site du Parc des Oiseaux est en fait constitué d’une réserve de près de 380 hectares de prairie, de bois et d’étangs où se développent une activité de pisciculture, tandis que le parc animalier en lui-même ne fait « que » 35 hectares. En tant que responsable botanique, Patrick Chevret s’occupe de l’entretien du site dans son ensemble et pas seulement du parc zoologique !
La situation est différente à la Vallée des Singes puisque le parc zoologique a été implanté sur une ancienne forêt, un site déjà riche en arbres, notamment en châtaigniers et en chênes. C’est d’ailleurs pour cette raison que son responsable des espaces verts nous a confié que le parc animalier possédait très peu d’essences exotiques, afin de conserver l’aspect originel de cette ancienne forêt. Le parc présente d’ailleurs les primates sur des îlots, séparés des visiteurs par des canaux, ce qui permet de conserver pleinement cet effet d’immersion.

Des missions qui changent selon les saisons
S’il y a bien un métier tributaire des saisons, c’est celui d’agent d’entretien des espaces verts en parcs zoologiques. Qu’on soit en printemps ou en hiver, les missions sont bien différentes et peu de parcs sont ouverts toute l’année.
L’hiver
« De mi-novembre à mi-février, nous essayons de faire beaucoup de plantations et de taille pendant que la sève des arbres n’est plus dans leurs branches », nous explique Florian Arlot. Une période qui correspond en plus à la plupart des fermetures hivernales des parcs animaliers français, comme la Vallée des Singes.
Au Parc des Oiseaux, l’hiver est plutôt consacré à l’aménagement des volières des oiseaux mais aussi à l’entretien de la réserve et notamment des étangs qui sont vidés pour pêcher leurs pensionnaires. Précisons que ces étangs, bien qu’anciens, ne sont pas naturels : ils ont été créés par l’homme au Moyen-Âge. Une partie des poissons est vendue et l’autre est utilisée directement pour nourrir les pensionnaires du parc comme les pélicans.
Le printemps
Avant l’ouverture au public, il faut remettre au propre les allées, qu’elles soient en cailloux, en sable, en mulch ou autres matières, pour que les visiteurs puissent déambuler. C’est également la saison de la tonte et il faut ressortir les espèces végétales rentrées pour l’hiver comme les yuccas de la crique des manchots du Parc des Oiseaux qui sont placés en serre pendant la saison froide. Une autre tâche un peu particulière attend les agents du parc des Dombes au printemps : remettre les perchoirs des perroquets en état ! Ces petits coquins adorant les décortiquer à l’aide de leur grand bec.
Cette saison clé est aussi celle où il faut créer des fenêtres visuelles pour permettre aux visiteurs de voir les animaux à travers la végétation tout en permettant aux animaux d’avoir de l’ombre et de se cacher. Un juste milieu fondamental à trouver pour le bien-être des pensionnaires mais aussi pour que les visiteurs soient contents de leur visite.

L’été
L’été, il fait en général trop chaud et l’herbe pousse moins qu’au printemps mais il faut quand même continuer l’entretien courant, comme la taille des haies, vérifier qu’il n’y a pas de nids de guêpes ou de frelons qui pourraient devenir dangereux, des insectes très souvent attirés dans les parcs zoologiques par les boissons sucrées des visiteurs.
L’automne
Quand l’été s’achève, les feuilles commencent à tomber dans les parcs zoologiques comme ailleurs. C’est alors l’une des tâches principales des agents des espaces verts de les souffler pour que les allées soient praticables. C’est aussi l’élagage des arbres qui commence et pour le Parc des Oiseaux, l’aménagement des nids pour les cigognes sauvages : « nous avons environ 74 nids de cigognes, elles effectuent leur migration puis nichent chez nous. Nous avons beau installer des mâts supplémentaires chaque année, les trois quarts sont utilisés, il y a pénurie d’hébergement ! » s’amuse Patrick Chevret.
A la Vallée des Singes, le site composé de 17 îles ne simplifie pas la vie des agents des espaces verts. Une fois par an, ils nettoient chaque île et se mettent d’accord avec le soigneur animalier pour laisser enfermer dans leur loge de nuit les animaux. Mais il faut aussi surveiller au quotidien qu’il n’y ait pas de branche basse ou au contraire de branche au-dessus des canaux qui pourraient permettre à un pensionnaire de s’évader. Rappelons que les primates sont arboricoles et qu’il faut avoir l’œil pour traquer la moindre porte de sortie.
Il est fondamental pour la direction de garder l’effet naturel du site. Ainsi, les îles ne sont pas tondues, mais juste passées à la débroussailleuse car le bien-être animal reste la priorité. C’est pourquoi l’espace des saïmiris est une végétation dense composée d’un mélange d’espèces médicinales et d’acacias qui, grâce à leur pollen, attirent les insectes dont se régalent les petits primates.

L’aménagement d’agrès à base de cordes, en accord avec le chef animalier, est également l’une des missions de l’agent des espaces verts qui participe directement au bien-être animal.
Perspectives d’évolution
Le métier démarre par le poste d’agent ou d’ouvrier des espaces verts puis, l’expérience venant, l’opportunité de devenir responsable du service se présentera sûrement. Avec cette promotion, il vous sera aussi demandé des capacités de management pour encadrer les nouvelles recrues mais aussi les stagiaires qui rejoindront le service.
Selon les parcs zoologiques, des perspectives d’évolution pourront se présenter. Après 30 ans au Parc des Oiseaux, Patrick Chevret va voir évoluer son poste ! Il devrait prochainement être davantage attitré à la réserve qui jouxte le parc zoologique et y proposer des visites pour découvrir la flore de la Dombe et ses espèces rares : chauves-souris, grenouilles, libellules… Une animation complémentaire de la mission du Parc des Oiseaux.